L’alimentation n’apparait pas au premier regard comme un poste déterminant du bilan carbone des écoles. Son impact est particulièrement difficile à évaluer précisément, que ce soit en raison de l’empreinte carbone très variable des produits mis à disposition directement par l’école (cantine, distributeurs, ventes ponctuelles, évènements…) ou l’extrême diversité des aliments apportés par les occupants eux-mêmes. L’alimentation ne représente pas moins 14% de l’empreinte carbone moyenne du wallon[1]. Elle offre de nombreuses pistes d’action de sensibilisation et de gestion pour des bénéfices de durabilité variés : climat, mais aussi : santé, eau, déchets, utilisation des sols…
A chaque fois qu’apparaissent au menu des produits qui ne sont pas de saison, cela signifie qu’ils ont été produits en serre chauffée, importés de régions lointaines et/ou ont bénéficié de moyens de conservation importants. Ces procédés alourdissent inévitablement l’impact énergétique et environnemental des aliments. Pourtant, les fruits et légumes de saison, parfois oubliés, sont plus nombreux et variés qu’on ne le pense comme le montrent les calendriers de saison. Privilégier les producteurs locaux, c’est réduire les émissions liées au transport, être en contact proche avec la production et surtout participer à un tissu économique et social vivant.
Réduire la consommation de viande et de charcuterie : Les adaptations de modes alimentaires et en particulier ceux touchant la question de la viande sont souvent sujet de débats intenses, tant ces questions touchent aussi bien les habitudes individuelles de chacun que le tissu économique d’une région. Néanmoins, l’impact environnemental de la production de viande en fait un thème de travail qui ne peut être laissé de côté. A titre d’exemple, la production de 100g de protéines de bœuf entraine de 5 à 30 fois plus d’émission de gaz à effet de serre que la production de 100g de protéines de soja[2] ! L’important bilan environnemental des productions alimentaires animales s’explique par la production de leur alimentation (fertilisation des cultures, transport et éventuellement déforestation), le stockage des déjections et, dans le cas des ruminants, par le méthane (CH4) issu de leur digestion[3]. L’ADEME, agence de transition écologique française a ainsi calculé que l’adoption d’un régime alimentaire flexitarien (encore 1/3 de protéines ingérées d’origines animales) permet de réduire de plus de 35% le bilan carbone de l’alimentation par rapport à un régime alimentaire classique[4]. L’intérêt pour la santé de réduire sa consommation de viande rouge et en particulier de viandes transformées est par ailleurs à présent bien documenté (maximum recommandé de 300g par semaine pour un adulte)[5].
Travailler soi-même les produits bruts, c’est se passer d’additifs alimentaires qui peuvent peser lourd aussi bien pour l’environnement que la santé. C’est aussi pouvoir réduire la quantité d’emballages jetables utilisés, en particulier en achetant ses produits en vrac. Concrètement, cela peut aussi bien de proposer des ateliers collation “maison” que de revaloriser le travail du personnel de cuisine en revenant à des préparations “maison” à la carte. Le choix de produits biologiques, locaux permet entre-autres de réduire le bilan environnemental lié aux modes de productions.
Le gaspillage alimentaire dans les écoles peut aller jusqu’à 7 kilos par élève par an[6]. Eviter ce gaspillage, c’est éviter des émissions inutiles tout au long de la chaine de production de la nourriture, mais aussi éviter celles pour son élimination (les déchets issus du gaspillage alimentaire sont problématiques aussi bien en cas d’incinération que de compostage). C’est aussi agir sur des enjeux sociaux et économiques importants. Un projet complet de lutte contre le gaspillage alimentaire inclura à minima une campagne de mesure, la communication des résultats, une campagne de sensibilisation, une réflexion sur les menus et les modalités de service…
La thématique de l’alimentation est au cœur des préoccupations environnementales mais aussi économiques et sociales. Pour engager votre école dans cette transition, n’hésitez pas à vous aider de toutes les ressources disponibles, aussi bien à Bruxelles www.goodfood.brussels qu’en Wallonie www.mangerdemain.be.
Retrouvez nos autres articles sur les actions des écoles en faveurs du climat :
[1] Plateforme wallonne pour le GIEC, Lettre n°9, 2018, p.5.
[2] Émissions de gaz à effet de serre pour la production de 100 g de protéines issu de l’étude Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers, J.Poore et T. Nemecek, revue Science.
[3] Alimentation et environnement, Champs d'actions pour les professionnels, Ademe, 2016, p.8.
[4] 85,7 kgCO2e/personne.mois pour un régime flexitarien contre 136 kgCO2e/personne.mois pour un régime classique. Centre de ressources sur les bilans de gaz à effet de serre, Ademe, 2018.
[5] Recommandation alimentaire pour la population belge adulte, Bruxelles, Conseil Supérieur de la Santé, 2019, p.60-61.
[6] L’alimentation en classe, l’environnement au menu, Bruxelles, IBGE, 2016, p.19.